Le sang lui montait à la gueule comme les larmes montaient au condamné à mort. Rouge d’ivresse et de furie, le paternel, tous muscles contracté posait sévèrement le regard sur sa progéniture. « J’ai pas travaillé toute ma vie pour que t’envoies tout en l’air ! » hurlait-il dans le petit appartement. Sa voix raisonnait en échos decrescendo, la violence dans ses gestes et dans le ton de sa voix n’avait de cesse d’effrayer sa propre épouse, douce, docile, aimante. Mais pourtant lui ne craquait pas, lui ne vacillait pas. Pour lui c’était trop simple, suffisait pas de hurler sa rage pour tout à coup feinter et faire apparaitre en faux semblants l’affection que son propre père n’avait jamais été capable de donner. Il se fichait bien de tous ces soucis d’éducation, d’avenir, de diplômes et tout ça ; il avait seize ans le gamin, il voulait vivre, il voulait être heureux. Qu’importe que la sueur est coulé du front de son père pour lui offrir ces études c’était pas c’qu’il voulait ; c’était pas c’qu’il attendait de la vie. Alors bien sûr, ça n’était pas tant ses convictions qui le maintenaient debout face à un tel hurlement de rage, mais sa force de caractère aidant, Elie demeurait immobile. Son père s’approchait alors le saisit par le col et, le regard enivré de colère il s’adressait à lui en un souffle glissant entre ses dents. « Tu vas te mettre au boulot ! Tu veux jouer les grands ? … Tu vas voir c’que c’est ! » Et puis le relâchant, il s’évadait, s’évaporait au-delà de l’embrasure de la porte. Un instant, Elie resta le regard figé sur la faible porte de bois qui venait de claquer avant de remonter sa veste descendue sur ses épaules nues avant de détourner le regard. Une seconde –même moins, son regard sombre croisa celui de sa mère. La douleur comparée à celle que lui infligeait son père n’en était pas moins pire. La déception dans ses yeux se lisait en cicatrices ensanglantées. Elle s’était d’abord longtemps demandé ce qu’elle avait pu négliger dans son éducation pour qu’un tel verdict tombe mais, finalement, elle s’était réconfortée –elle avait eu raison mais, ça n’en soulageait pas moins le jeune homme ; rien n’était de sa faute. Son fils était un délinquant, un revendeur de drogue. C’était la justice qui avait tranchée, sans appel. Elle n’avait pas cherché à en savoir d’avantage –même si ça avait été faux, la vérité en société, on s’en fiche bien, les apparences seules comptent.

Quelques semaines, même quelques mois n’avaient pas suffit à son père pour qu’il cesse de lui en vouloir. Aujourd’hui encore, trois ans plus tard, il lui en voulait avec la même ardeur, mais ce qui aurait dû le faire culpabiliser l’indifférait. Elie se fichait qu’il lui en veuille ou non, pour lui, ce comportement n’était que le résultat d’un aveuglement manifeste. Son père avait à cœur de futiles valeurs telles que l’honneur et l’argent ; il ne méritait donc rien de plus que la pitié de sa propre progéniture.
Pour échapper à la prison, Elie c’était mis au travail comme l’avait ordonné le juge. Son père lui avait alors trouvé un mec du pays pour le former et lui apprendre la mécanique automobile. Même si ça n’était clairement pas sa passion première, Elie avait appris à s’en satisfaire et à s’y accommoder. Le temps qu’il passait à travailler au garage, il le faisait volontiers, ni plus ni moins. Mais un homme n’est pas son travail et ne peut vivre au travers de lui. Ce qui faisait d’Elie un homme ? Son frère ; Léandre. Chaque soir après le travail ils se retrouvaient à l’appartement, discutaient l’un et l’autre de choses et d’autres, la plupart du temps, d’affaires de quartiers. L’un sans l’autre c’était un feu sans fumée. La plus part des jeunes du quartier avaient fini par s’y faire ; s’en prendre à l’un c’était s’en prendre à l’autre. Quand les flics m’étaient tombés dessus ce fameux soir, il était resté là, il avait été le seul à arrêter sa course. L’un sans l’autre, c’était un corps sans cœur.
Ce soir là n’échappait pas à la règle. Elie sortait du garage, les mains à peines nettoyées des graisses de moteurs et les vêtements plus sales que ceux d’un ramoneur il était retourné à l’appartement. Sans faire réellement attention à n’importe quel quelconque détail pouvant signifier que ce jour là devait-être différent. Se débarrassant à vive allure de ses Caterpillar et de sa veste dans le même temps, il pénétrait bruyamment le salon où se trouvait déjà son colocataire et meilleur ami… en charmante compagnie. A contre jour et la silhouette seulement dessinée par son ombre, la scène était digne d’un des plus grands plans du septième art. Quelques rayons de soleil perçaient à travers chevelure ténébreuse et sauvage définissant le contour d’un visage jeune et angélique. A ce petit bout de femme au regard perçant on aurait donné le monde sans réfléchir, néanmoins, être sensible à sa beauté, c’était un choix, et Elie respectait trop son meilleur ami pour s’aventurer sur de tels terrains glissants. Après donc avoir brièvement salué son colocataire et la fameuse petite sœur, le jeune homme s’éclipsait négligemment et c’était tout. Comme quoi, une légère étincelle suffisait à un départ d’incendie.



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PRÉNOM/PSEUDO : eD ◭ AGE : 20 ans ◭ PAYS : Frenchi'sbeautifulworld ◭ FRÉQUENCE DE CONNEXION : everyday ◭ PERSONNAGE : le scénario de la plus belle ◭ Comment est-tu tombé sur JTL ? Sur Bazzart !! ◭ COMMENT TROUVES-TU JTL ? très mauvais ! C'pour ça que j'me suis inscrit d'ailleurs ! pour remonter le niveau ◭ UN DERNIER MOT ? Jean-Pierre ◭