Arrivée au lieu de destination, tu t'poses sur le perron pour finir ta clope. T'inspires une taffe, longuement, tu laisses la fumée emplir tes poumons et te procurer cette sensation ; indescriptible. Tu fermes les yeux, appuyant ta tête contre la vitre en verre qui te sépare de l'intérieur du bar, bar où l'on t'a donné rendez-vous. Mais pas n'importe quel rendez-vous. Quelques minutes plus tôt, un texto était arrivé : « SOS, nana. Bar 28, 11e », simple, court, précis. Sitôt reçu, sitôt partie. Direction ce fameux 'bar 28' dans le onzième arrondissement, où quelqu'un t'appelait à la rescousse. Mais pas n'importe quelle personne, pour n'importe qu'elle 'urgence'. Le sms provenait de Jules. Vous savez, Jules, le seul mec au monde qui fait des études de médecine, et qui, pour trouver du blé taffe en tant que vendeur de poulet-rôti chez McDo,Quick & compagnie. Celui-là même, un vrai cliché ce type, semblerait tout droit sorti d'une comédie romantique. La tête à claque, macho, au grand dam de ces mesdemoiselles qui se damneraient pour ne serait-ce que baiser ses pieds. Son sourire charmeur fait des ravages, et, ce chieur sentimental qui pourrait avoir toutes les filles du monde à ses côtés, eh bien, prend au pied de la lettre ces mots et les invitent toutes une par une dans son pieu. Non, pas toi, t'es pas prête de céder à ses avances -oui parc'qu'il a osé, le bougre. Depuis que tu l'connais, -d'ailleurs, tu ne te rappelles même plus les circonstances de votre rencontre, peut-être étais-tu trop dans les vapes pour te remémorer le moindre souvenir ?- un jeu s'est installé entre vous. Complice, tu es sa coéquipière dans ses dépassements de bornes et, tu prends un malin plaisir à l'aider à se débarrasser des indésirables. Aujourd'hui ne fait donc pas exception, il te demande d’accourir à son secours et, toi, comme une idiote, tu rappliques illico presto te voilà prête à servir sa majesté. Ta clope s'est consumée, -te brûlant le bout des lèvres au passage- tu la jettes au loin au pied d'un clochard qui mendie le fric que tu n'as pas, enfin tu entres au 'vingt-huit'. Assaillie par tous tes sens, odeur nauséabonde d'alcool et de tabac qui te monte aux narines, fumée et obscurité qui te crèvent les yeux, tandis que déjà deux mains moites se referment sur ta taille. Il n'a pas perdu d'temps l'pervers à l'haleine de chacal, t'imagines qu'il te guettait. « Propriété privée, mon gars. Bats les pattes, pigé ? » Ton pied part, vient se placer au mauvais endroit et, un grognement rauque parvient à tes oreilles, mmh, tu te congratules, nana, joli coup, maintenant déguerpis avant que le bouffon se redresse. Parmi les gens qui se pressent au bar, tu te frais un chemin, faisant du corps à corps avec des inconnus, maudit soit ce Jules qui t'obliges à subir ce bain de foule. Soudain, tu le repères, attablé dans un coin sombre, sourire crispé -qui, soyons honnête mériterait une photo car, le sourire charmeur condescendant ça va bien un moment - et joliment accompagné. Voilà celle dont il veut que tu le débarrasses, visiblement en mauvaise posture, le genre couettes et salopettes ne lui plaît guère. Apparemment pleine de conviction et d'assurance, la mistinguette -très tactile-, se trouvant en face de môsieur est tout de même relativement proche. Tu croyais que faire du pied était démodé ? Sa main posée sur celle de Jules, son autre main tortille une mèche de ses cheveux : pathétique. Allons bon, la gamine a quoi ? Quinze ans à tout casser, et voilà qu'elle fait du charme à un vieux monsieur. Certes, charmant. Tu respires profondément, plan déjà établi en tête, tu t'avances, de plus en plus rapidement. Arrivée à la table, regard mystérieux associé à un ton de voix mielleux, succès garanti : « Juleees, je suis désolée je suis en retard. » Plaquant tes lèvres sur les siennes -même idiote, l'autre aura compris ce qu'il en est- tu t'assoies à ses côtés, une jambe par dessus sa cuisse pour bien affermir ta possessivité, clin d'oeil appuyé, pendant que tes doigts s'amusent à parcourir ses avants-bras musclés, dénudés. « Voyons chéri, tu ne me présentes pas ? » Ce mot, 'chéri' parait tellement déplacé entre tes lèvres mais, en l’occurrence tu incarnes à ce moment précis un personnage dont, tu te dois d'entrer pleinement dans la peau.

Parfois, il t'arrive de t'interroger sur la nature des sentiments de Jules à ton encontre. Tu te demandes si pour lui ce n'est qu'un jeu, parc'que tu résistes : il insiste. En parti à cause de ses blagues -pour la plupart, dénuées de toute délicatesse faut bien l'avouer- agaçantes au possible. Il est lourd ce mec, quand il a quelque chose en tête il n'en démord pas jusqu'à l'obtenir. Or, tu sais bien que depuis un certain temps c'est toi qu'il veut mettre dans son lit, tu es sa future proie -utilisons ses expressions- et, le vil dragueur ne lâchera pas l'affaire avant que tu aies cédé à ses avances. Il perd terriblement son temps. Tu as beau le renvoyer balader toujours plus sèchement, cela ne fait que l'encourager à continuer. Si seulement il avait de bonnes manières attentionnées, peut-être que tu te laisserais tenter. Juste le temps d'une nuit, histoire d'évaluer le potentiel de la bête mais, ce n'est absolument point le cas alors, tant pis tu ne feras rien pour remédier à son manque de galanterie. Ricanement de sa part, le bougre, visiblement satisfait ; mon arrivée a eu l'effet escompté. « Tu veux un verre chérie en guise de remerciement ou tu préférerais faire un petit tour dans mon lit en tout bien tout honneur bien évidemment ? Tu peux même avoir les deux ce n'est pas un problème. » Du grand Jules tout craché. Comme avec dégoût, tu t'éloignes brusquement de sa pauvre personne perverse, le repoussant de tes mains collées sur son torse. Même plus que ça, tu lèves ton cul pour aller le poser sur le siège d'en face, dans le but de mettre le plus de distance possible entre ses mains baladeuses et toi. Tu craches, sans une once de pitié « Ni l'un, ni l'autre, ni même toi. Tu m'dégoûtes Meliani. » Malheureusement pour toi, un sourire se dessine sur tes lèvres contre ta volonté, pour mettre plus de conviction dans ta phrase tu espérais garder un air sérieux. Ton corps t'a trahi, et c'est parc'qu'entre vous deux c'est toujours la même rengaine, le même jeu qui s'installe. Lui qui te veut, toi qui le repousse. « Tu n'perds jamais espoir hein ? » Bien qu'il se fasse éconduire sans arrêt -ça ne lui fait pas de mal d'être repoussé de temps en temps-, tu apprécies les hommes déterminées sans tomber dans le lourdingue. Ses tentatives toujours foireuses te font bien marrer, la lueur d'espoir dans ses yeux lorsqu'il tente vainement de t'attirer dans ses filets. « La seule chose que tu obtiendras de moi, c'est ce petit bisou lorsque je joue mon rôle. Rien de plus Jules. Ou dans tes rêves,alors. »

c'est court, sorry. mais j'préfère faire avancer l'action plutôt que de m'éterniser pour au final, rien.